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LA BELLE LUCE

La Gruyère présente cette particularité d’avoir, dans son creuset de légendes, des personnages qui ont réellement existé. Voyez Chalamala, le bouffon ! Son testament témoigne que, loin d’être un gueux, il mena belle vie.
Et Luce la bergère, promise à devenir comtesse ? Elle fut la plus belle femme du pays. Et si les historiens ne s’accordent pas à savoir de quel comte elle fut l’amante, on conclura qu’il y eut plusieurs belles Luce…
Fait avéré : il était courant que les comtes offrent, à ces belles, un chalet ou un pâturage, selon la qualité de leurs faveurs…  

Nous voici en l’an 1350. Chalamala divertit le comte Pierre IV de ses facéties. Comme tous les vrais poètes, il est devin. Sa prédiction est demeurée dans les mémoires : « Un jour, l’ours de Berne mangera la grue

dans le chaudron de Fribourg ! Â» Autrement dit : les puissantes villes de Berne et Fribourg, principales créancières de la maison de Gruyères, se partageront ses terres.

Chalamala imagine que, vers 1520, le comte Jean II sera dans la

dèche. Son fils Michel, qui a fait ses armes à la cour de François Ier, est pressenti pour reprendre les rênes du comté. Michel aime Luce, une simple bergère. Il lui promet le titre de comtesse. Mais son père Jean II s’oppose à cette union. Michel finit par céder : il épouse Blanche de Bresse, dont les rondeurs sont plus territoriales que physiques… De dépit, Luce incendie sa propre bergerie.

Michel, devenu comte, tente de colmater les brèches du château chancelant. Avec la complicité d’un faux monnayeur, il frappe des pièces à l’emblème de la grue. « Monnaie de singe Â», répliquent les créanciers. C’est le hallali. En 1555, le comté est dissous.

Dans un dernier revoir, Luce annonce à Michel qu’elle a un fils, né

de leurs amours. A ce fils vaillant, Luce a remis le pâturage qu’elle avait reçu pour prix de son silence. Grâce au labeur du fils et de ses compagnons, cet alpage est devenu l’un des plus beaux de la région. Le comté est mort, mais la Gruyère revit !

 

(http://www.gruyere-trad.ch)

 

 

Là vivoit au commencement du seizième siècle la fameuse Luce d'Albergeux, maîtresse du comte Jean dont la beauté est encore renommée dans le pays. La comtesse, femme de Michel, y résida aussi quelque temps; et l'on dit que ce fut elle qui, voyant souvent, du haut de la tour, son infidèle époux monté sur un cheval blanc, suivre une route détournée, pour aller en bonne fortune à Charmey, appela ce chemin la Charrière de crève-coeur,nom qu'il porte encore aujourd'hui.

 

(Doyen Bridel)

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