LE PONT-QUI-BRANLE
Le Pont-qui-branle, à cause de sa vieillesse, mériterait aujourd'hui son nom. Il plie littéralement sous le poids des années et ses ais gémissent au passage des véhicules. Son toit offre aux promeneurs abri, repos et fraicheur dans la chaude saison au sein d'un site romantique empreint d'une vague tristesse. L'eau verdâtre joue à travers les galets en susurrant une chanson mélancolique ou grave, selon les saisons. Mais la rivière est traîtresse qui, à moult reprises, emporta coup sur coup culées et tablier, ne laissant que ruines et désolation sur son passage.
Le pont a naturellement ses légendes de revenants.
Quand la nuit est tombée, des plaintes se font entendre
dans la pénombre. Certains disent qu'on y «perçoit».
D'autres, moins crédules, pensent que ces fantômes sont
de bons vivants et que ceux qui ont tremblé nocturnement
sur ce pont ont eu tort. Les peureux, les pusillanimes ont toujours
tort, bien sûr!...
(Le Vieux Chalet, Clément Fontaine)