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LES CHALETS D'ALPAGE

Des exploitations temporaires

L'architecture alpestre fribourgeoise fait partie intégrante de la zone d'habitat temporaire alpin ou préalpin: elle appartient à des sites habités et exploités de façon saisonnière. Ainsi, à l'époque de l'estivage, bovins et petit bétail se trouvent, pendant cent jours en moyenne chaque année, sur les pâturages de montagne. L'unité d'alpage constitue "l'ensemble de l'aire alpestre sur laquelle le même troupeau pâture durant toute la période d'estivage". Néanmoins, cette aire peut inclure plusieurs échelons, dotés chacun des bâtiments nécessaires au séjour de quelques jours ou semaines, à commencer par les gîtes au printemps. Dans les Préalpes fribourgeoises, la moitié des exploitations environ s'organisent de cette façon ("remuage", ou "rèmouâye" en patois)

Selon son origine, le mot "alpage" est inhérent à la chaîne des Alpes. L'alpage est exploité pour produire du fourrage au moment de la fenaison des prés en plaine; il complète ainsi l'approvisionnement qui assure l'hivernage du bétail. L'exploitation durable du pâturage pendant l'été apporte d'autres avantages: les herbes alpines garantissent un lait de qualité, le sol est maintenu dans un état qui protège des éboulements voire des avalanches; les terrains ne sont pas laissés en friche et certains intérêts touristiques se trouvent ainsi sauvegardés.

 

Des bâtiments fonctionnels

Selon certains, les constructions alpestres relèvent de la "primitivité". Ce jugement est sans doute rapide. Il est vrai cependant que l'inconfort de nombreux chalets (cuisine envahie par la fumée, lits improvisés sur le soliveau) ne se retrouve pas dans les maisons habitées toute l'année. On ne saurait toutefois parler d'architecture spontanée à propos des chalets d'alpage. Des constructions qui résistent depuis des siècles aux violentes intempéries de la montagne ne peuvent être que l'oeuvre d'artisans compétents et expérimentés. Ce sont d'ailleurs souvent les mêmes charpentiers qui ont aussi construit les fermes de plaine auxquelles ils ont apporté le même savoir-faire.

Le caractère rudimentaire de l'habitat temporaire alpin s'explique notamment par le fait que l'exploitation a été assurée pendant très longtemps par un personnel exclusivement masculin. Celui-ci privilégiait le soin du bétail, la fabrication de fromage, l'entretien des pâturages. La cuisine, malgré l'extrême simplicité de son équipement, est organisée de manière très pratique. La qualité de l'habitat était reléguée au second plan; il n'y a à l'origine ni fourneau ni autre coin confortable pour passer agréablement une soirée frisquette. Cependant, la situation varie selon les régions.

 

Spécificités de architecture alpestre fribourgeois

Pilier de l’économie fribourgeoise pendant plusieurs siècles, l’exploitation des alpages a généré des coutumes, des contes et légendes, des chants et un art populaire.

Il faut d'abord souligner que dans peu de cantons suisses l'identification de l'individu avec le monde alpestre est aussi présente qu'au Pays de Fribourg et en Gruyère. La "poya", grand tableau représentant la montée à l'alpage placé sur la paroi de la grange, marque l'importance de l'événement et souligne un moment fort de l'année pastorale. Elle a d'ailleurs été le sujet du célèbre chant, le «Ranz des vaches de la Gruyère». Le fait que statistiquement les Fribourgeois possèdent le plus grand nombre de chalets par comparaison avec les autres cantons suisses y est vraisemblablement pour beaucoup. (13% des alpages Suisses en nombre mais seulement 3% en surface). 

La Gruyère en tant que berceau de la production du gruyère, fromage de réputation mondiale, a fourni déjà très tôt des armaillis aux régions de montagne voisines. Auraient-ils exporté, en même temps que leur savoir-faire professionnel, la forme de leurs chalets comme certains auteurs le supposent par exemple pour le Jura?

Pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir saisir les caratéristiques originelles de cette architecture régionale. Or, les chalets existant actuellement ne sont en général pas antérieurs à 1700 alors que la production de fromage à pâte dure a commencé quelques siècles plus tôt.

Le plus ancien type de chalet, destiné à abriter hommes et bêtes, est une construction en madriers, carrée, couverte d'un toit pyramidal. Ce plan s'agrandit dans le courant du XVIIIe et surtout au XIXe siècle pour aboutir à un rectangle allongé, souvent complété par des a nexes disposées perpendiculairement au milieu ou à l'extrémité du bâtiment. La toiture à quatre pans, en tavillons, y est constante. Elle semble comporter des avantages certains par rapport au toit en bâtière, plus simple et à première vue moins coûteux.

 

Le patrimoine architectural alpestre est constitué principalement de chalets mais il comprend aussi des saloirs, des étables et des fenils. De 1988 à 1992, le Service des monuments historiques du canton de Fribourg (aujourd’hui Service des biens culturels) a fait Å“uvre de pionnier en procédant au recensement de 1349 bâtiments échelonnés entre 700 et 1900 m d’altitude et exploitables entre mai et octobre.

Avec 1015 chalets, soit les 3/4 du total, le district de la Gruyère est sans conteste le centre de la zone d'économie alpestre fribourgeoise.

 

La nomenclature

Voici une liste de quelques mots en lien avec les chalets d'alpages que l'on retrouve d'ailleurs fréquemment dans les contes et légendes.

 

- Trintsâbyo: cuisine et lieu de fabrication du fromage

Pièce principale et coeur du chalet

La porte de la cuisine est l'entrée principale et on y trouve aussi une porte qui donne sur l'étable pour pouvoir surveiller le bétail

- Foyidzo ou Krou dou fu: foyer ou creux du feux

- Pêyo: chambre de séjour

- Cholê: soliveau, l'endroit où l'on dort

- Aryâ: l'étable

- Armayi: l'armailli, le chef d'exploitation

- Fretè: le fromager

- Bouèbo: le garçon de chalet

 

LE CHALET DE BATAILLE

Exploitation

Gite de basse altitude, produisant du foin fourragé en automne, exploitée avec l'alpage des Plains, à 940 m d'altitude. 35 génisses, 15 veaux durant 42 jours en 1990. Etable à 60 têtes. Surface 6,1 ha.

 

Situation

Replat situé dans un virage de la route Broc-Charmey, en contrebas des ruines de Montsalvens, à 802 m d'altitude. Direction du faîte principal E-O.

 

Historique

1735 Andrey Jean & Jean-Claude

1819 Andrey Jean Nicolas bois/bardeaux, taxé 500 francs

1864 Andrey Jean 60x50 pieds, taxé 2000 francs

1914 Andrey Alexandre, notaire à Bulle 18x15 m, taxé 4000 francs

1920 Commune de Broc 18 x 15 m, taxé 6000 francs

1931 Commune de Broc 15 x 12,1/7,6x 5,3/7,6x2,6 m, taxé 8000 francs

1990 Commune de Broc

 

Architecture

Construction en madriers et à poteaux sur plan en L, coiffée d'une toiture à quatre et trois pans, tavillonnée. L'étable forme un rectangle trapu à court faitage, la cuisine et la chambre à lait sont logées dans une aile latérale plus basse. Bûcher en appentis se trouvant sur le côté opposé. 

Le chalet d’alpage de Bataille est l’un des plus vieux chalets d’alpage de la Gruyère datant du débit du XVIIIe siècle. Il a été récemment complètement rénové par la Maison du bois. Il n’a dorénavant plus sa fonction de chalet, mais est devenu un lieu de rencontre pour des séminaires ou des assemblées.

 

LE CHALET DU POYET

Le Poyet est un chalet qui se situe sur la colline des Marches. Il a été construit en 1873 et c'est une construction de chalet rectangulaire, ce type de chalet possède 4 pans et est divisé perpendiculairement au faîte.

Le Poyet a la particularité d'être vaste et d'avoir 2 étables doubles longitudinales ce qui en fait un cas unique dans la région.

 

 

(Les chalets d'alpage du canton de Fribourg, Jean-Pierre Anderegg)

Chalet du Poyet
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