UNE BELLE VIE POUR LES FEMMES
L'existence des femmes de la campagne est dans cette contrée plus douce que partout ailleurs. Leurs occupations se bornent presque exclusivement aux soins du ménage, ce qui contribue à leur donner ce teint frais qu'on ne trouve pas dans les autres parties du canton.
En été, elles travaillent à la campagne, mais cette saison est plutôt pour elles un temps de plaisirs que de fatigues. Bien blanchement atournées, nos élégantes villageoises ne touchent jamais à un rateau sans avoir des gants, crainte du hâle et des ampoules.
Elles sont tant soit peu coquettes, mais de la bonne
manière; c'est-à-dire que leur gloire est d'être recherchées
par plusieurs, leur talent celui de ne donner à l'un pas plus d'espérance qu'à l'autre, et elles s'en acquittent quelquefois avec une habileté qui ferait honneur à un ministre d'état.
Au reste elles sont en général plus économes que les hommes. Elles se piquent d'avoir beaucoup de linge et de ne porter que celui qu'elles ont filé. Mais comme il est écrit que nul ne sera parfait dans ce monde, les maris se plaignent de la cafetière. Ils ont bonne grace, vraiment, eux qui...
(Course dans la Gruyère, ou description des moeurs et des sites les plus remarquables)
