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VILLAGE OUVRIER

Broc s’est métamorphosé à cause de l’incendie, mais aussi a beaucoup changé suite à l’installation de l’usine Cailler. En effet, en 1898 Cailler construit son usine au bord de la Jogne à Broc. Il trouva à Broc de l’énergie avec l’eau, de la main d’œuvre et de la matière première comme le lait pour son fameux chocolat au lait. Et la commune voit en Cailler un moyen providentiel de sortir du marasme dans lequel les a plongé la crise de la paille tressée et de l'économie laitière ainsi que l'incendie de 1890.

 

Au départ, il n’y avait que 76 ouvriers, mais, déjà en 1910, 1250 travailleurs sont engagés chez Cailler. L’usine, par son ampleur, a modifié le paysage (350 mètres de façades en rase campagne), mais le village a changé, car sa population est passée de 450 habitants, durant la majorité du XIX siècle, à 1500 habitants en 1903. Il fallait donc des habitations, mais aussi, agrandir les infrastructures comme l’école, on a également construit la halle de gym et le stand de tir à la même époque. A partir de 1900, un quartier entiers de maisons ouvrières a vu le jour et une sorte de deuxième village Ã  Broc-Fabrique composé uniquement de gens liés à l’usine.

Broc-Fabrique a même un restaurant et deux magasins. Le village devient ouvrier et a un nouveau visage, celui que l’on connait aujourd’hui, car la fabrique est toujours active même si avec la mécanisation le nombre d’ouvriers a largement diminué. Cailler a largement participé au renouveau et à la transformation du village, il a entre autre aidé au développement de l’école - très importante pour lui - reconstruite en 1910 et la voie de chemin de fer (1912). Grâce à son argent, on a également construit plus tard la piscine.

 

Quant à l'agro-alimentaire, et pour en revenir à la fabrique, il ne dégage pas la même éthique que la métallurgie. Les principaux fournisseurs de Cailler, jusqu'au début du siècle, sont paysans; et puis on sait déjà qu'il n'y a pas eu à Broc véritablement industrialisation: ici pas d'urbanisation, pas de concentration ouvrière, les mirifiques projets de développement échaffaudés au début du siècle n'ayant pu se concrétiser. Par exemple, il était prévu de construire tout un quartier de maisons ouvrière à la suite des dix-huit maisons avec jardins, groupées deux à deux qui ont servies de prototspe. 

La vie conserve un caractère familial, en dépit des mésententes d'autrefois et des divorces d'aujourd'hui, tandis que la vie associative, très dense, entretient une sociabilité villageoise aux antipodes de toute urbanité. On sait aussi que la pratique religieuse ne s'effondre pas vraiment, malgré la baisse sensible des années septante. Finalement, sous ses aspects de bourg industriel défiguré par l'architecture creuse des années 1960/1970, Broc a conservé une éthique villageoise mais perdu les principaux caractères de sa civilisation rurale séculaire. 

 

(Broc, Village de Gruyère, Pierre-Philippe Bugnard)

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